Grenoble

Nous sommes dimanche soir. Grenoble. Les livreurs de pizza arpentent les rues, quelques trams circulent encore, les derniers bus sont déjà passés. Le ciel est dégagé, la nuit s'annonce belle. Chez lui, il se prépare à sortir. Dehors, dans la rue, il croise quelques passants, quelques voitures aussi. L'abribus dégage une lumière froide et blanche, les lampadaires transforment les ombres en figures étranges. Il marche au milieu de la ville, au milieu de ses pensées. Les feux sont rouges, puis verts, les murs sont bicolores. Les enseignes clignotent et modèlent les rues, la nuit tout est différent. Il croise un chat, qui court se cacher sous une voiture, peureux. L'horloge de l'église est comme une seconde Lune, son clocher noir se détache sur le ciel bleu marine. Tout n'est plus que contraste, les limites sont floues. Au loin, un train klaxonne. Se rapproche doucement. Le moteur de la locomotive tranche le silence. La dernière voiture disparaît derrière les immeubles, puis n'est plus qu'un vague souvenir. Plus tard, en passant sous les voies, un petit locotracteur accomplit son immuable tâche. Il vient, il repart, dans le léger sifflement des aiguilles. C'est un yoyo dans la nuit. Il est arrivé à la gare. La lumière est ici plus forte, l'agitation intense. Les voyageurs pressés jettent des regards impatients sur les pendules. Le train pour Paris est à quai, on s'embrasse, se serre la main. Les enfants sont intenables, les bébés endormis, les grands-mères inquiètes. Le portes se ferment, l'annonce est dite, le train va partir. Loin devant, une lumière verte apparaît, l'agent donne le départ. Le TGV part en sifflant, laissant la place aux omnibus chargés d'étudiants. Sur les écrans, les heures clignotent. Le train de Veynes est en retard, comme chaque fois. La nuit est ici pleine de murmures, différente, agitée. Il rejoint la gare routière, perdu dans le labyrinthe de ses pensées. Les bus sont là aussi, sans caractère, sans charme. D'autres jeunes arrivent. D'où viennent t'ils? Certains, il les reconnaît. Lui, avec sa petite valise et sa guitare; elle, avec sa cigarette et ses cheveux frisés. Sur sa gauche, un dernier train arrive. Son moteur ronronne et résonne sur les façades. C'est quand il part qu'elle arrive. Avec un sourire, elle s'approche, l'embrasse. Il se retrouvent ici, entre les cars, le panneau d'affichage et le passage souterrain, main dans la main. Il s'aiment et la nuit ne le sait pas. Elle ne fait que les accompagner, comme tous les autres...

Commentaires

Anonyme a dit…
Je suis toujours sous le charme........
Anonyme a dit…
et dieu demanda à l'homme :

"pourquoi que t'écris pas un bouquin? t'es point trop mauvais!"

et dieu s'en alla - des courses à faire?

Articles les plus consultés