Trains de vie

Ce matin là, le froid étends son voile glacé sur toute la ville. Petit matin, la ville sort difficilement de sa torpeur. Seuls les crissements d'un tram viennent troubler le calme général. Il est fatigué. Assis sur un strapontin, il cherche son billet. Dans un quart d'heure, il sera dans le train. Crissements. Le tram s'arrête à la gare. Il est le seul à descendre. Sur les bords du quai, un des composteurs est en panne. En cliquetant, il composte à l'infini des billets invisibles... Sur les quais, il n'y a personne. Le train pour Lyon vient de partir, il distingue deux fanaux rouges au loin. Air glacé. Au milieu des traverses, quelques morceaux de neige noircie. Le long d'un quai, quatre voitures stationnent. Des pics de glace pendent sous la caisse, et recouvrent les vitres. L'écran clignote. Son train aura vingts minutes de retard. Attente. Le temps s'ecoule au rythme des horloges. Le froid semble comme vivant; espiègle il ralentit les aiguilles. Pourtant, le train arrive enfin. Il trouve une place, le compartiment est vide. Peu à peu, la chaleur l'envahit. Elle semble douce et pure, mais il ne s'agit que d'un vieux chauffage dans un vieux wagon... Les montagnes s'éloignent, le train passe les gares, les tunnels et continue son immuable route. A travers les nuages, le Soleil commence à eclairer la vallée. La lumière est très belle, elle souligne d'un jaune brillant les champs enneigés, révélant les rougeurs de la terre. L'ombre du train s'y déplace avec délicatesse, comme si elle la survolait. Elle file à toute allure... A demi endormi, il la regarde onduler sur les arbres. N'est t'il qu'une ombre lui aussi? Le soleil monte dans le ciel, il n'y a plus de neige maintenant. Il est arrivé à Valence. Il n'aime pas ce moment... Les marchepieds se déploient, tout les voyageurs descendent. Il doit quitter la tranquilité du train pour attendre. Attendre, toujours. Le vent a rejoint le froid, son ami de toujours. Ensemble, ils s'insinuent partout. Le temps est comme suspendu. Sifflements. Le vent serpente entre les poteaux de la verrière, perce les bonnets et les écharpes. Les pendules recommencent à égrener les secondes. Lentement. Lentement, jusqu'à ce que les phares du trains apparaissent, puis se rapprochent. Enfin. Il va trop vite, cette fois il s'arrête loin, à la tête du quai. Lui était au bout, comme d'habitude. "... Assurez vous de n'avoir rien oublié..." Les hauts-parleurs crachotent toujours les mêmes annonces, il ne les écoute plus. Il a rejoint une porte, il peut enfin retrouver le monde qu'il connaît bien. Le monde du train. Le monde de l'évasion... Les portes se ferment, le train a démarré et déjà ses rêves l'emportent...

Je suis trop fatigué pour écrire un texte plus joli que celui-là, je mettrai les légendes des photos ci dessus demain... Je vais me coucher... Bonne nuit à tous!






Commentaires

Anonyme a dit…
Je suis une fan inconditionnelle des textes que les gares et les trains t'inspirent. Ils me plongent dans un autre univers, ils m'apportent pleins d'images et de sensations. Le même délice que de se plonger dans un très bon bouquin...... merci !

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