Derniers coups de sifflet...
Voici quelques photos de cette journée passée à suivre le train, sous un temps de circonstance: nuages, pluie, épais brouillard et même neige furent au rendez-vous toute la journée... Une belle ambiance, mais pas vraiment pratique pour faire des photos!
Les organisateurs avaient apposé sur le flanc d'un des autorails une plaque indiquant le parcours du train.
Trajet qui les emmenait pendant un petit moment sur la ligne internationale ralliant le pays des montres et du chocolat: voici un TGV Lyria qui y effectue une liaison Suisse => Paris Gare de Lyon.
Et voilà nos 2800, qui franchissent sans problème la première vraie rampe de leur parcours!
Ils marquent ici l'arrêt en gare de Mesnay-Arbois, gare fermée située sur les hauteurs du village d'Arbois, qui possède une gare ouverte, mais sur une autre ligne. Comme la signalisation le montre, (carré fermé pour eux, voie libre -vert- sur la voie de droite) les autorails vont se faire dépasser par un TER régulier.
Alors que les autorails circulent encore sous caténaire, nous les surprenons peu avant un passage à niveau.
Et voilà, les X2800 ont franchi la bifurcation à Andelot et se sont engagés sur la ligne d'Oyonnax. D'ailleurs, cette bifurcation nécessite un rebroussement, les autorails ne sont plus orientés pareil; désormais c'est le 2900 qui est en tête! Remarquez aussi qu'ici, le rail est encore tout neuf.
Sous une pluie relativement forte, le train s'apprête à marquer l'arrêt dans la petite gare de La Chaux des Crotenay. La photo est prise depuis l'école du village, qui compte environ 400 habitants. Il y a encore des trains dans les coins perdus! D'ailleurs, c'est impressionnant, on a l'impression d'être dans un autre monde dans ces petits villages, mis à part la nationale qui les franchit, tout semble paisible et un peu désuet: lavoirs rouillés, vieilles maisons marquées "café" fermés depuis longtemps, ou publicité du genre "vente de granulés pour poêle à bois". Si nous n'étions pas aussi pressé par le temps, j'aurais bien fait un peu plus de photos, mais là, c'était vraiment serré pour rester au niveau du train! J'y retournerai un jour avec un train "régulier", car les paysages traversés sont superbes...
C'est juste après la gare que la neige commence à faire son apparition, tandis que la rame franchit un petit viaduc assez incliné.
Un peu plus tard, elle tombe un peu plus fort lorsque les autorails se représentent à nous! Nous approchons des 900m d'altitude!
Ça n'a pas l'air de vouloir s'arrêter, et par moment la voie est même déjà entièrement recouverte! On ne dirait pas comme ça, mais la couche est vraiment épaisse et on s'enfonçait de bien 30 cm si l'on s'approchait trop de la voie!
Le 2830 ne s'est pas perdu et suit toujours son compère!
Ah! Nous y voilà, le point le plus incroyable de la ligne! Nous sommes ici un peu après Morbier, réputée pour son célèbre fromage et le train s'apprête à franchir les viaducs qui le conduiront à Morez, située plus de 100m en contrebas mais toute proche à vol d'oiseau. La ligne effectue donc un parcours en boucle et franchit d'impressionnants ouvrages d'arts pour s'acquitter de cette difficulté. Voici l'un de ceux-ci, sur lequel nos autorails bleus ne semblent pas grand-chose!
Après une longue descente à vitesse réduite, voilà la gare de Morez, en cul de sac. Le train repartira donc dans la même direction que celle d'arrivée. Au fond, on aperçoit le viaduc de la photo précédente. C'est bien plus haut, et pas orienté pareil! Vous trouverez ici un plan de la ligne, afin de mieux vous rendre compte du trajet tarabiscoté que les ingénieurs ont dû mettre au point pour desservir le village!
Avec ses trois pare-brises, sa peinture bleue et blanche, les X2800 sont facilement reconnaissables! Si celui-ci porte le numéro 2900, c'est simplement qu'il s'agit du centième engin produit!
Et voilà, c'est reparti! Encore un viaduc pour franchir les toits, et la ligne se faufilera à nouveau dans la vallée. On voit le viaduc par lequel le train est arrivé sur la gauche, et on en distingue un autre un peu plus bas, au fond à droite, juste au dessus de la première arche du pont. Paul Séjourné, superviseur du tracé de la ligne était surnommé "l'Eiffel des ponts de pierre", peut-être que vous comprenez mieux pourquoi maintenant ;)
Après avoir franchi St Claude, alors que la brume est toujours enserrée dans les sapins, les 2800 continuent leur chemin vers Oyonnax sur une voie d'un autre âge, équipée de traverses métalliques.
Oyonnax, ici Oyonnax! Terminus du train! Tous les voyageurs descendent de voiture! D'ailleurs, comme vous le voyez, le train ne pourra guère aller plus loin: les voies sont barrées d'un feu rouge et de traverses croisées. En effet, la ligne continue jusqu'à Brion-Montréal-La Cluse, gare située sur la ligne Bourg-En-Bresse - Bellegarde, actuellement complètement fermée pour refonte intégrale. Oh, rassurez vous, ce n'est pas pour augmenter la vitesse des TER qu'on a entrepris ces travaux: il s'agit avant tout de réduire le temps de parcours des TGV Paris-Genève (et au delà en Suisse). Mais ne boudons pas notre plaisir, une ligne régionale neuve, c'est toujours bon à prendre!
Après une pause bien méritée de 40 minutes, le train quitte Oyonnax pour repartir vers Besançon. Nous le photographions au coté de vieux rails, perchés sur de vieilles traverses, peu avant un petit passage à niveau et une gare fermée.
Un peu plus tard, les revoilà en pleine ligne...
Entre Morez et Morbier, la rame franchit sans peine la très forte rampe reliant les deux villes et émerge de la brume au son de l'écho de ses puissants moteurs...
Quand je vous disais que ça montait ^^
Bon, la photo est hyper-moche: il faisait déjà sombre dans la journée, mais alors le soir... Figer un train demandait d'augmenter beaucoup la sensibilité du capteur et donc le grain sur la photo. Mais c'est juste pour vous montrer ce qui a remplacé les 2800: les X76500, ou XGC. C'est sûr que ça fait plus moderne, mais ça a quand même beaucoup moins de charme! Cela-dit, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit: à l'inverse de certains passionnés, je suis aussi un grand voyageur en train, et le progrès est nécessaire, comme partout. D'autant que les 2800, aussi puissants soient-ils, ne sont sans doute pas une référence en matière d'écologie. M'enfin, sur une petite ligne de montagne comme celle-ci, ponctuée de vieux poteaux télégraphiques de nombreux viaducs en maçonnerie et surtout de petites gares fermées n'ayant pas changé depuis des dizaines d'années, les X2800 sont quand même plus dans leur élément!
Et voilà, c'est terminé... Pour la dernière fois, nos vieux autorails franchiront cette courbe des plateaux jurassien. Pour la dernière fois, leur sifflet aura retenti au loin, et pour la dernière fois, l'arbre solitaire verra passer les vieux Bleus d'Auvergne...
C'est bête, mais je trouve ça vraiment "émouvant", ce sont vraiment des monuments du rail. On ne dirait peut-être pas, mais ces autorails qui ne payent pas de mine sillonnent la France rurale depuis plus de cinquante ans, cinquante ans au service des gens, cinquante ans durant lesquels la plupart des lignes qu'ils ont connues à leur début ont aujourd'hui définitivement fermé... Entendre résonner leur moteur au bruit si particulier, deviner au loin l'écho du sifflet et les voir passer là devant nos yeux pour la toute dernière fois fut pour moi un grand moment ferroviaire, presque triste.
Pas fatigués pour un sou, nos deux compères arrivent à Besançon pile à l'heure, devant des voyageurs dubitatifs et des passionnés ayant sorti leurs trépied pour immortaliser ce moment historique. Puis, dans un dernier ronronnement de moteur, ils s'en iront rejoindre les voies de débord. Comme toujours, et pourtant... Bonne retraite, messieurs les 2800!
Voilà, j'espère que ça vous aura plu malgré la piètre qualité des photos! J'avais prévu de mettre un article sur Tigrie avant celui-là, mais ce sujet me tenait tellement à cœur que je n'ai pas résisté à l'envie de le publier aujourd'hui. Ce fut un samedi mémorable, et voir passer ces vétérans du rail sur une ligne aussi magnifique m'a vraiment fait quelque-chose, j'espère vous avoir fait passer un peu de cette émotion au travers de ces quelques clichés...
Je remercie le COPEF pour avoir eu l'excellente idée d'organiser un tel voyage, les organisateurs présents sur le terrain, la SNCF qui a laissé une telle manifestation se dérouler, le personnel des petites gares encore ouvertes pour son accueil, Damien, Aurélien et Jérémy pour leur compagnie et leurs conseils, ainsi que Gilbert pour ses informations! J'aimerai aussi tirer mon chapeau aux concepteurs et constructeurs de la ligne, qui il y a plus de 100 ans ont surmonté d'énormes difficultés naturelles pour desservir un maximum de villages et ainsi désenclaver une partie de France oubliée par les grandes lignes... Le mot service public retrouve tout son sens sur cette voie perchée à flanc de falaise, ou serpentant au milieu de champs verdoyants! Chapeau aussi aux ingénieurs et aux ouvriers qui ont donné vie aux X2800, et qui ont construit un engin si robuste et fiable qu'il aura rendu de fiers services pendant 50 ans!
Pour ceux que ça intéresserait, TF1 était présent samedi (qui l'eût crû!) et un petit reportage a été diffusé lundi au journal de 13h. Attention, j'ai relevé au moins 3 ou 4 erreurs dans les propos des journalistes, du site ou du présentateur (c'est la télé et les journalistes, faut pas exagérer non plus, un truc exact, ça n'existe pas!) mais l'initiative mérite d'être soulignée! En fait, on avait bien vu des caméras, mais je ne pensais pas que ça serait TF1! Si vous regardez la vidéo, disponible ici, vous reconnaîtrez peut-être au moins deux endroits d'où j'ai pris des photos: le journaliste était juste à coté! Mais on ne nous voit pas, dommage, ah ah!
Commentaires
Une petite visite bien agréable à travers tes descriptions et tes photos ! ^^
J'ai particulièrement aimé les deux photos du 2800 sur le viaduc. C'est impressionant de voir la hauteur, le train ressemble à un petit serpent à cette altitude ^^. Mais dis-moi, comment as-tu pris toutes ces photos ?? O_o" Tu n'étais pas censé être DANS le train et pas à côté ?? Désolée, je ne comprends pas bien... ^^".
Bref, c'était bien sympa cet article !
Biiiiz !
De rien pour la visite, ce fut un réel plaisir! Ça m'a fait la même impression pour le viaduc! Surtout qu'il n'allait pas très vite, c'est limité à 50 par là, du fait de la forte rampe, des viaducs et des virages.
Et pour lever le mystère, non je n'étais pas censé être dans le train, mais bien le suivre en voiture pour le photographier! C'est le seul moment où je suis obligé d'accepter la voiture, d'ailleurs :p Lundi, par contre, je serai dans le train pour le dernier voyage... C'est un voyage commercial normal, il y aura juste les officiels, mais tout le monde peut venir pour le prix d'un simple billet, soit 6€ l'aller-retour autant que je me souvienne! Même toi, tu pourrais venir ;) Désolé de ne pas avoir été plus explicite!, et merci beaucoup pour ce commentaire qui m'a aussi fait bien plaisir!
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