À toute vapeur!

Il y a un mois, la 241 P 17, que je ne présente plus, s'offrait un voyage entre Le Creusot et Bourges. La sortie d'une locomotive à vapeur sur le réseau ferré national français n'étant pas chose courante, j'étais sur le pont ce jour là pour la suivre et essayer de lui tirer le portrait. Je dois dire que la journée a été plutôt bonne, malgré une horrible couche nuageuse qui a jugé bon de s'inviter à la fête après Nevers. Les photos ne sont donc pas extraordinaires, mais je suis plutôt satisfait de certaines d'entre-elles. De toute manière, pour moi qui suit plus habitué au TGV et aux autorails modernes, le sentiment ressenti lorsqu'on voit débouler en ligne une machine à vapeur dans des paysages bucoliques est assez indescriptible!

Le samedi soir, les bénévoles des Chemins de Fer du Creusot nous ont gentiment autorisé à photographier leur protégée. Elle est alors en train d'être préparée pour le lendemain, car une locomotive à vapeur ne démarre pas en un clin d'œil... Durant la nuit, elle engloutira le tas de bois que l'on distingue au fond. Sacré appétit!

Ils ont même poussé la gentillesse au point de nous allumer les phares, ce qui rend plutôt bien également. De mon coté, j'aime bien aussi la lueur bleutée de la cheminée au fond ainsi que les reflets violacés des néons d'une enseigne sur la halle. Je tiens également à préciser que ces voie sont dédiées aux Chemins de Fer du Creusot et que nous n'étions donc nullement sur le réseau exploité en service commercial pour faire ce cliché. Il aurait alors été hors de question, bien sûr, de photographier quoi que ce soit dans ces conditions!

Le lendemain matin, nous sommes partis à la recherche de coins exploitables pour notre jolie bestiole à vapeur. Malheureusement, la ligne est en contre-jour dans son sens de circulation... Cela ne nous a pas empêché de photographier ce train de fret plutôt sympathique, et original de par son exploitant. Il s'agit en effet d'un train d'un OFP (Opérateur Ferroviaire de Proximité), ici la CFR (Compagnie Ferroviaire Régionale). Elle est basée à Cercy la Tour est assure notamment des trafics en provenance des carrières des petites lignes Cercy - Corbigny et Cercy - Château-Chinon, dans la Nièvre. Les OFP visent entre autres à relancer ou maintenir le fret ferroviaire sur des lignes délaissées, elles vont même jusqu'à en assurer la maintenance alors que c'est en général la SNCF qui s'en charge, pour le compte de RFF, sur le reste du réseau. Le paysage ferroviaire français est en train de changer, doucement, mais sûrement. En tous cas, un grand merci au mécano pour le concert de sifflet qu'il nous a offert! Vous noterez également la présence de poteaux télégraphiques, vestiges d'un autre temps. Aujourd'hui, les câbles de signalisation, téléphonie ou autres ne sont plus aériens...

Un peu plus tard passe le convoi que nous attendions tous. Quel spectacle!! La P17 nous a offert un somptueux panache de fumée bien blanc, et je dois dire que j'étais un peu comme un gamin qui découvre un cadeau sous le sapin quand je l'ai vue passer. Je l'avais déjà vue, bien sûr, mais pas dans un tel paysage champêtre et surtout pas avec cette fumée! En effet, ce type de machine a été conçu pour fumer le moins possible, et ses panaches sont donc souvent plus réduits. Du coup, ça donnait vraiment à la scène une ambiance spéciale. C'était un peu comme dans un vieux film, en fait, la couleur en plus.

Toujours à contre jour, nous retrouvons le train lorsqu'il franchit la gare abandonnée de Rémilly - St Honoré les Bains. Le contre-jour est ici vraiment mauvais, même si l'effet est un peu atténué par la noirceur naturelle d'un nez de locomotive à vapeur.

Comme je le disais, après Nevers, le temps n'était vraiment plus de la partie... Cela donne des images vraiment moyennes, je n'aime pas du tout la luminosité qui existe lorsque le ciel est uniformément voilé comme ça. Nous sommes ici à un passage à niveau un peu après Bengy sur Craon, en direction de Bourges.

Depuis Bourges, la locomotive devait regagner seule Vierzon, puis repartir sur la ligne de Montluçon pour faire demi-tour. Finalement, au dernier moment, le trajet vers Vierzon a été annulé (je ne sais pas vraiment pourquoi, d'ailleurs) et la P a effectué son demi-tour quasiment tout de suite. Elle est donc vue ici sur la ligne Bourges - Montluçon, un peu après la bifurcation. Sur ce cliché, elle roule en fait tender avant, c'est à dire en "marche arrière".

Et la voici revenue de St Florent sur Cher pour s'en retourner vers Bourges et retrouver sa rame. Et toujours ce ciel uniformément gris un peu déprimant... D'ailleurs, entre Bourges et Nevers, il n'y a quasiment que des champs, cela change beaucoup des paysages vallonnés de Nevers - Le Creusot! Et puis, de temps en temps, au milieu de "rien", il y a un village. Ça fait un peu comme dans les Landes, je trouve, en remplaçant les forêts de pins par des cultures.

Cette photo ne vaut rien, mais c'est pour blablater un peu dessus que je la mets. Nous sommes en gare de Bengy sur Craon et, comme vous le remarquez sans doute, des poteaux y ont fait leur apparition. En effet, le tronçon Nevers - Bourges est en cours d'électrification, faisant suite à la même opération sur Tours - Vierzon - Bourges (mise en service en 2008). Cela s'inscrit dans le cadre plus global de l'amélioration de la transversale Nantes - Lyon (qui a dit "qui en avait bien besoin"? ^^). Car sur ce parcours, s'il existe bien des TGV qui font le crochet par le sud de la banlieue parisienne, il subsiste encore des Intercités Lyon - Tours (- Nantes) via Roanne ainsi que des TER Lyon - Orléans via Paray le Monial. Lorsque l'électrification de Nevers - Bourges sera terminée, la seule partie en traction autonome restant sur le trajet de l'Intercités sera St Germain des Fossés -  Roanne - St Germain au Mont d'Or. Je ne sais pas si elle est prévue au programme des électrifications, il faudrait que je me renseigne. Toujours est-il que ces poteaux n'étaient pas forcément nos amis pour photographier la vapeur! ^^ Ici, il s'agit vraisemblablement du TER Nevers - Tours de fin d'après-midi, et dont l'élément de queue est en livrée Pays de la Loire. Cherchez l'erreur ^^ Juste avant celui-ci, un autre TER marquait l'arrêt en gare, et un père et ses jeunes enfants accompagnaient une autre personne qui allaient l'emprunter. Nous l'avons donc informé du passage imminent d'un train à vapeur, et il a attendu pour le voir passer! Visiblement, les enfants avaient l'air plutôt contents d'avoir vu un vrai "tchou tchou" :)

Le coin est loin d'être idéal, j'ai du zoomer beaucoup entre tout un tas de trucs pour photographier uniquement la vapeur. Mais bon, on n'en voit pas tous les jours... Elle s'apprête ici à brûler la halte de Bengy sur Craon.

De retour en Bourgogne, le soleil était de nouveau de la partie. À croire que la région Centre n'avait pas ses faveurs ce jour là... Toujours est-il qu'un dilemme cornélien s'est offert à moi à ce moment là: rentrer par un TER attrapé en cours de route, arriver plus tôt à Besançon et donc dormir d'avantage ou attendre le dernier train en gare du Creusot, faire plus de photos de la vapeur mais me coucher tard... Les marches initiales du train spécial me permettait de faire tout convenablement en rentrant relativement tôt, mais elles ont été modifiées tardivement. Toujours est-il qu'en voyant le soleil revenir et le joli coin que nous avions trouvé, j'ai décidé de rester et de dormir un peu moins. On ne voit pas une telle machine tous les jours! Pour s'échauffer, nous photographions un TER Nevers - Dijon assuré par un couplage d'AGC (Autorail à Grande Capacité). 

Il sera suivi 20 minutes plus tard par notre star du jour qui s'en retourne au Creusot. Bon, il faut croire que l'échauffement n'a pas servi à grand-chose car j'ai raté la mise au point de cette image. Heureusement, ça ne se voit pas trop sur cette version réduite. Et même si j'ai cliqué pile poil lorsque la machine avait le nez dans LA seule branche qui trainait le long de la voie, je suis plutôt content d'avoir choisi de rester et d'avoir fait cette photo.

La dernière photo en ligne de la journée sera un coup de chance, nous arrivons quelques instants seulement avant le passage du train, sans connaître le coin à l'avance. Là encore, l'ambiance est au rendez-vous, même si le panache n'est pas aussi impressionnant que dans la matinée... À quelques détails près, on pourrait vraiment se croire revenus en arrière de plusieurs dizaines d'années!

La lumière est désormais vraiment limite. Mais sur les quais de la sympathique gare de Luzy, il y avait quand même un petit attroupement de curieux venus voir ce train pas vraiment comme les autres. Voilà qui fait très plaisir :)

Je terminerai cette série par ce cliché pris en gare d'Étang sur Arroux. Le soleil nous a offert certaines de ses plus belles couleurs pour souligner la noirceur de la machine (cela-dit, je me serais bien passé des deux lampadaires...) Je ne sais pas trop ce que ça vaut, mais je trouve que c'est un épilogue sympathique au voyage et à l'article.

Merci à tout ceux qui ont rendu la circulation d'un tel train possible, avec évidemment une mention toute particulière pour les membres des Chemins de Fer du Creusot, qui ont remis en état la P17 et la bichonnent désormais pour notre plus grand plaisir. Merci également à toute la bande de photos-de-trains.net qui se reconnaîtra ;)