Grandes Lignes sur petite ligne...


Bon, cela fait quelques temps que je n'ai pas posté... En réalité, j'avais préparé le contenu de cet article et même commencé à le rédiger il y a presque deux semaines, mais je n'étais pas d'humeur à aller sur Internet pour diverses raisons. Aujourd'hui, après un week-end à toute vapeur (c'est le cas de le dire!) et deux ou trois autres petites choses, je me suis dit que ça avait assez duré et qu'il fallait quand même que je vous parle de cette fantastique ligne des Causses!

Il y a deux semaines, donc, entre samedi soir et dimanche, j'ai parcouru la ligne des Causses (Béziers - Neussargues) dans son intégralité. Elle me tendait les bras depuis tellement longtemps celle-ci, avec son électrification antédiluvienne et feu l'Aubrac direct Paris-Béziers, désormais Neussargues-Béziers. La menace du transfert par bus imminent de la seule relation quotidienne la parcourant dans son intégralité et ma visite à Montpellier m'ont fait sauter le pas et c'est donc ainsi que je me suis retrouvé sur les vieux rails du Massif Central une fois encore... En réalité, j'ai effectué un très long trajet depuis Montpellier St Roch pour rejoindre Besançon Viotte par les chemins détournés, tellement détournés que ça en aurait donné des envies de plantage à n'importe quelle borne SNCF normalement constituée. Comme il y a plein de noms de gares que je trouve sympa sur ce trajet, voilà ce que ça aurait pu donner si un seul train effectuait ce parcours incongru: je me suis un peu amusé à enregistrer une annonce fictive, que vous trouverez ici. ^^ En résumé, j'ai fait Montpellier St Roch => Béziers => Bédarieux, où j'ai dormi. Puis le lendemain matin, Bédarieux => Neussargues => Clermont-Ferrand => Nevers => Dijon => Besançon Viotte. Je sais, je suis complètement fou, et d'avoir enregistré l'annonce, et d'avoir fait ce trajet :) Mais ce n'est pas tous les jours qu'on a l'occasion de passer dans des gares aux noms aussi charmants que Ceilhes-Roqueredonde, Tournemire-Roquefort, Campagnac-Saint Geniez ou encore Banassac-La Canourgue. Surtout vu la desserte plus que réduite de ces coins là... J'ai pour ma part une affection particulière pour Brassac-les-Mines - Sainte Florine, qui bien que située sur une ligne bien plus fréquentée que celle des Causses, était quand même sur mon parcours et sonne plutôt bien :)

Bref. Autant vous dire que j'ai vraiment adoré ce voyage. Même si cette fois, j'avais ce sentiment curieux au départ et qu'il faisait un temps gris au possible, j'ai une nouvelle fois profité au maximum du paysage. Et c'est vraiment mignon! On a tellement de jolies choses à voir en France... Malheureusement, à cause du temps, je n'ai pas fait des masses de photos. Elles n'auraient pas rendu grand-chose, d'autant que les vitres de ma petite automotrice était vraiment très très sales. voilà néanmoins quelques clichés pour illustrer cet article.


On commence par une image du samedi soir, alors que les nuages du lendemain commençaient déjà prendre le pas sur le grand soleil auquel nous avions eu droit à Montpellier. C'est pris depuis le train, quelque part après Magalas. Le cadrage et la luminosité ne sont donc pas géniaux, mais je ne pouvais quand même pas tirer le signal d'alarme juste pour profiter du coucher du soleil :)


Je suis donc descendu à Bédarieux, petite ville de la vallée de l'Orb (6500 habitants environ). La photo ne vaut absolument rien, elle n'est qu'informative. Car je vous présente le "Grandes Lignes n°15945 en provenance de Neussargues et à destination de Béziers", comme annoncé en gare. Feu l'Aubrac... Car aujourd'hui, la relation Paris - Béziers via les Causses est tronçonnée: il faut changer à Neussargues et à Clermont-Ferrand. Avant 2007, l'Aubrac était direct, puis jusqu'à il n'y a pas très longtemps, il allait encore jusqu'à Clermont. Avouez que pour un GL, une petite Z2 du TER Languedoc Roussilon, c'est quand même un peu curieux. Cela-dit, il faut bien avouer que la fréquentation n'est plus ce qu'elle était, le TGV ayant fait son office en améliorant grandement les temps de parcours depuis Béziers. Maintenant, pour les quelques villes et villages de la ligne, il faut également dire que l'infrastructure agonisante et les multiples correspondances ne sont pas vraiment faits pour attirer les foules.


Le dimanche matin, je suis retourné à la gare pour attraper le mouvement de sens inverse, à destination de Neussargues donc. J'avais un peu peur que mon train se retrouve déjà transféré sur route, car il n'était même pas affiché sur Internet au départ de Béziers (un magazine parlait de ce transfert comme déjà effectif, la région Languedoc n'appréciant que moyennement de voir des trains "Grandes Lignes" -si l'on peut dire- effectués avec son matériel). Heureusement pour moi, à Bédarieux, l'indicateur du quai indiquait bien un départ pour Clermont. Erreur, d'ailleurs, puisque le train est limité à Neussargues... En attendant son arrivée, j'ai photographié cette autre Z2 se reposant en gare après avoir assuré un TER plus matinal. Là aussi, la photo n'est qu'informative. C'est plus pour l'ambiance... Car Bédarieux possède une gare vraiment charmante, avec sa jolie marquise qui me rappelait un peu celle des gares comme Lannemezan, petites mais qui se prennent pour des grandes. Enfin, il fut un temps où toutes les installations devaient bien servir, de même que les 4 voies à quai et toutes les voies de service... Bédarieux était en effet une gare de bifurcation. Aujourd'hui, on peut s'estimer heureux qu'elle ne soit pas devenue une gare terminus: si j'ai bien compté, seulement quatre mouvements par jour la dépassent (ou arrivent) en direction (provenance) du nord... La desserte est par contre plus "étoffée" de/vers Béziers, au sud, avec 4,5 aller-retour en semaine, auxquels s'ajoutent les 4 mouvements "transversaux". Cela doit permettre d'habiter Bédarieux et d'aller travailler à Béziers, le temps de parcours étant d'environ 35-40 minutes. D'ailleurs, je pense qu'il y a quand même des gens dans ces trains, car la gare possède aussi des équipements modernes apparemment installés il n'y a pas si longtemps (pendules, tableaux des départs électroniques, etc.) et la façade extérieure a visiblement été repeinte récemment. Voilà qui fait plaisir! Mais le contraste n'est alors que plus saisissant avec les longs quais presque complètement recouverts d'herbe, les anciens panneaux, les voies et autres installations ferroviaires antédiluviennes...


D'ailleurs, jugez plutôt. Les panneaux qui indiquent les quais ne sont plus de la toute première jeunesse et tranchent radicalement avec ce qu'on peut voir aujourd'hui dans les gares "normales". Il y a vraiment une ambiance particulière sur ces quais, surtout par un temps brumeux (de circonstance) comme ce jour là. Au passage, j'aime assez cette photo.


La façade intérieure n'a pas eu droit au même traitement que son homologue coté cour... C'est un peu tristounet, surtout comparé au rose/rouge de l'extérieur.

Mon train est ensuite arrivé, et je suis parti à l'assaut de la ligne des Causses. Comme je le disais, les paysages sont vraiment superbes, on serpente dans les montages et c'était vraiment un plaisir que de regarder par la fenêtre, même sous la grisaille. On a parfois l'impression d'être un peu dans un autre monde, avec ces villages un peu perdus mais tellement sympathiques! Sans parler de la tête des gares suivantes... Télépancartage hors-service affichant des trains d'un autre temps, façades complètement décrépies, quais et bâtiments inutilisés, vieilles pendules, halles à marchandises en bois, etc. Toute une ambiance, un peu triste je trouve. Evidemment, c'est parfois très charmant, quand ce n'est pas trop décrépi comme dans certaines gares de la ligne -Tournemire-Roquefort fait vraiment gare fantôme-, mais c'est aussi dommage pour les voyageurs. Quand on pense que pas si loin que ça, dans le même pays (^^), il y a des gares TGV ou même des petites gares TER joliment rénovées... J'ai fait des vidéos depuis le trains, je les posterai bientôt pour que vous vous rendiez compte que je n'exagère pas vraiment quant à l'état de certaines installations.


Nous sommes ici en gare de Millau, où l'arrêt de plusieurs minutes m'a permis de photographier le train. Ce n'est pas génial, mais je n'avais ni recul, ni soleil pour faire beaucoup mieux. Heureusement que la superbe livrée Languedoc-Roussilon est un peu colorée, sinon, cela aurait vraiment été grisâtre... Vous noterez la différence qui existe entre le bout de voie rénové à gauche et l'ancêtre qu'est la voie en rail double-champignon sur laquelle se trouve mon train. Malheureusement, la portion rénovée ne dépasse pas vraiment la gare. On a tout le temps, vu les faibles vitesses limites, d'admirer le viaduc de Millau lorsque la ligne passe en dessous. Ça me déprime un peu de penser que l'on a dépensé des millions pour faire une nouvelle autoroute à grand renfort d'imposants viaducs (j'ai vu au moins un autre pont routier très imposant le long de la ligne) alors que la voie ferrée, qui se trouve là depuis bien longtemps, se morfond au pied des piles des dits ouvrages... À la limite, ça ne me dérange pas trop qu'on fasse des autoroutes si, dans le même temps, le ferroviaire n'est pas oublié comme c'est encore trop souvent le cas! Je sais bien qu'il n'y a pas tant d'habitants que ça par ici, mais quand même. C'est vraiment triste. Surtout quand on longe l'autoroute à 40-70 à l'heure et qu'on se fait dépasser part les voitures...


Ici aussi, certaines installations ne sont plus de la toute première jeunesse (oh, le doux euphémisme que voilà!). À tel point que l'identification du poteau n'est même pas écrite à l'horizontale, mais sur un bout moins rouillé que les autres...


La gare de Marvejols, en Lozère, avait elle aussi un arrêt assez long pour faire une nouvelle photo, encore plus sombre que la précédente. Si entre Bédarieux et Millau, on ne va déjà pas bien vite, c'est vraiment lent après Millau... Difficile d'être compétitif lorsqu'on se traîne à 40 à l'heure!


La ligne des Causses passe sur le superbe viaduc de Garabit. Évidemment, depuis le train, on ne voit pas grand-chose... Par contre, on a tout le temps de voir ce qu'il y a autour! Car le franchissement de l'ouvrage est actuellement limité à 10 km/h. Apparemment, il aurait quelques problèmes (je crois avoir lu de fissuration), ce qui ne permet pas d'y passer dessus à la vitesse normale (40 je crois, mais il faudra que je vérifie). À priori, des travaux sont prévus. Même s'il n'y a plus que deux trains de voyageurs (un dans chaque sens, soupirs...) qui l'empruntent, Garabit ne devrait donc pas sombrer dans l'oubli comme son cousin des Fades dont je vous avais parlé ici. Il faut dire qu'il jouit quand même d'un certain prestige, au delà de son utilité ferroviaire première. Sinon, on atteint sur les portions autour du viaduc des sommets au niveau de la lenteur, à tel point que la contrôleuse a fait une annonce pour indiquer qu'on allait être très fortement ralenti et qu'il ne fallait pas tenter d'ouvrir les portes donnant sur la voie. C'est dire!


C'est après environ 4h15 de trajet que je suis arrivé à Neussargues, terminus de mon "Grandes Lignes". Première circulation électrique voyageurs de la journée à s'aventurer ici, la Z2 de mon "GL" se reposera ici quelques dizaines de minutes avant de s'en retourner vers Béziers. Notez au passage, sous l'abri de quai, les indications de direction et les pancartes blanches amovibles, comportant les heures de départ et d'arrivée. Il en faut donc une différente pour chaque train de la journée... Ça change des écrans plats des gares modernes!

De mon coté, j'attendrai l'autre bout de ce qui reste de l'Aubrac, qui m'emmènera jusqu'à Clermont-Ferrand. Là, je retrouverai les artères principales et les vrais "Grandes Lignes" d'aujourd'hui...

Commentaires

Noëmie a dit…
Coucou !
Aha, Béziers n'est pas un bon souvenir pour moi... 2h30 d'attente pour "accident de personne" =P

Bisous!
A. a dit…
^^ Oh bah je ne suis pas passé très longtemps à Béziers, et ce n'est pas un souvenir très fameux non plus! Le sandwich que j'ai pris à la gare n'était pas bon du tout, je n'ai même pas réussi à le finir.
C'était beaucoup mieux après, dans le Massif Central :D
Guy a dit…
Bonjour Armand

Superbes photos du train Béziers - Neussargues en Z-7300. Et un GL en 73500 NPDC, c'est encore blus bizarre... Les Z2 sont encore de mise sur la ligne, en TER Béziers - Saint-Chély-d'Apcher. Ce sont les seuls qui utilisent la ficelle. Il y aussi sur les Causses (entre Neussargues et Saint-Chély) un train de coïls assuré très tôt le matin.
Même si le danger de fermeture est à présent quelque peu écarté, une "déselectrification" de la ligne semble bien probable : la caténaire est vieille, et pourquoi pas remplacer les Z2 par un BGC ou 73500 (vive la monotonie... je préfère son état actuel avec caténaire :D) ?
Ce qui compte le plus pour moi, c'est que cette ligne vive et que l'Aubrac revienne, avec 8600... ou pas. Force soit le rail.
ArmandTchou a dit…
Merci :) Je pense que ces photos ne valent pas le mot "superbe", étant donné le temps et qu'en plus, depuis le train, ce n'est pas toujours évident. Je les avais publiées uniquement pour qu'elles servent d'illustration à l'article, elles n'avaient pas vraiment de visée artistique ou esthétique...
Pour le 73500 qui a pris la relève des jolies Z2 LR, on est d'accord, cela semble assez surréaliste. Pour la desserte fret, il me semble que ce sont des locos diesel qui l'assurent (des 67400 jusqu'à il n'y a pas si longtemps, si je ne m'abuse). J'ai en effet bien peur que la ligne ne suive le triste exemple de Pau - Oloron et Bayonne - Saint Jean Pied de Port. Étant donné l'état de l'infrastructure et le faible trafic, je doute que la régénération complète ne soit dans les cartons... Dommage, la caténaire faisait partie du charme de la ligne. Quant au retour de l'Aubrac, je pense que la mode n'est plus aux rames tractées, et encore moins sur ce genre de ligne. L'avenir nous dira de quoi il retourne, mais nous sommes d'accord, le rail doit rester :)

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