L'Oublié de Fer


Le Viaduc des Fades en 1983 (aujourd'hui, ça a bien changé...)
Image issue de Wikipédia, sous License GNU 

Il est des lignes au patrimoine immense et dont personne ou presque ne se soucie. Celle reliant Clermont-Ferrand à Montluçon en passant par Volvic en est un exemple frappant. Fermée à toute circulation depuis le 9 décembre 2007, elle va pouvoir continuer à pourrir tranquillement au milieu des Combrailles. Les 6 trains qui l'empruntaient encore tous les jours ne s'arrêteront plus dans les petits villages. Les quais seront déserts, les rails inutiles. La raison invoquée par RFF et la SNCF est claire, la sécurité n'est plus assurée sur cette voie. Et pour cause... Aucun entretien n'y a été effectué depuis 10 ans. 10 longues années pendant lesquelles les traverses hors d'âge et le rail double-champignon antédiluvien n'a pas été vérifié et remis en état. Et pourtant... La ligne compte un des plus bel ouvrage d'art de France. Le Viaduc des Fades, impressionnante alliance de pierre et d'acier, a aujourd'hui perdu son âme. A tout juste un an de son centenaire, le deuxième viaduc ferroviaire le plus haut du monde, culminant à 133 mètres, ne sert plus à rien. Barrant la vallée de la Sioule, son tablier de près d'un demi-kilomètre de long n'est plus que de la ferraille au milieu des arbres. Ce pont incroyable est classé Monument Historique, et pour cause. Non content de n'être pas loin de détenir un record de hauteur, il possède les piles en maçonnerie classique les plus hautes du monde. Construites entre 1901 et 1909, par des ouvriers courageux et un ingénieur ambitieux, elles sont sacrifiées sur l'autel de la rentabilité. Mais comment prétendre être rentable quand, sans entretien, la limite de vitesse de la ligne est abaissée à 40 km/h et que les limitations à 30 ou même 10 km/h fleurissent un peu partout? Même les vapeurs des trains touristiques ne pouvait plus emprunter la voie des Combrailles depuis 2004: trop lourdes, elles auraient pu détruire les installations déjà moribondes. Mais la fermeture est qualifiée de "provisoire". Pouvons nous être optimistes pour autant? Vu les montants à engager maintenant que tout est à refaire (au moins 3 millions d'euros rien que pour refaire la protection anti-rouille du Viaduc) et le peu d'engagement politique ou public pour le train, tous les indicateurs sont au rouge pour notre petite ligne.
Certains s'émerveillent devant les beautés de la nature, l'incroyable diversité de la faune terrestre. Mais ce dont les hommes sont capables, le génie technique de nos aînés, le courage dont ils ont fait preuve pour franchir les limites technologiques et les barrières naturelles, cela mérite aussi l'admiration. On n'y pense plus forcément. Et le Viaduc des Fades, Somptueux Géant, n'est plus qu'un Oublié de Fer...

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Commentaires

Anonyme a dit…
Très beau pont en effet et je me joins à toi pour regretter amèrement la fermeture de la ligne et l'abandon de tant de belles choses !
Anonyme a dit…
La fermeture de la ligne était nécessaire, en raison du coût trop élevé de l'investissement pour la remettre en état, face au potentiel de fréquentation très faible (ligne desservant des petits villages).

Le viaduc pourrait faire lui l'objet d'une exploitation touristique.

Nicolas
A. a dit…
A mon avis, avec un matériel adapté et des horaires bien étudié, chaque ligne peut aujourd'hui avoir sa part d'intérêt. Si on avait entretenu correctement le réseau, on n'aurait sans doute pas fermé tant de lignes...
Cela-dit, il faudrait faire évoluer les mentalités et repenser les déplacements, et je suis bien conscient que cela est délicat.
En tous les cas, une exploitation touristique serait toujours mieux qu'une fermeture définitive... Mais qui payera la remise en état?

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