La Chaux de Fonds, ici La Chaux de Fonds


Bon, c'était vraiment pas difficile ^^ En attendant de retourner sur le réseau des Chemins de Fer Chinois, je me suis rabattu sur des voies bien plus accessibles, surtout en une après-midi. C'est ainsi qu'en ce 19 novembre 2009, le soleil ayant daigné nous honorer de sa présence, je filais à la gare pour prendre un TER pas tout à fait comme les autres. Terminus: la Suisse! Le pays des montres, du chocolat, du gruyère... et des trains! Petit récit d'une escapade dont j'avais envie depuis longtemps.

13h30, je décolle de chez moi. Il va falloir que je me dépêche, le train part à 56. Pour une fois, les feux sont verts, et il n'y a pas trop de monde. Youpi, 13h44 me voilà devant le hall de la gare. Je me dirige vers les bornes libre-service... affichant toutes une jolie feuille "équipement hors service". Ça doit être le revers des feux verts. Bon, tant pis, j'irai au guichet... Il y a quatre personnes devant moi pour 3 employés. Si elles ne demandent pas "Besançon-Pau" via Brest, ça devrait aller. 13h54, après un petit moment de stress, j'ai mon billet aller-retour pour La Chaux de Fonds! Deux minutes plus tard, je suis confortablement installé dans un carré de l'X73500 qui me ménera de l'autre coté de la frontière...


Je connais déjà la ligne jusqu'à Valdahon, pour y être allé deux fois avec les vieux tromblons ayant aujourd'hui déserté le réseau SNCF. La montée le long de la Citadelle de Besançon, les passages perdus dans la forêt, les petites gares et les tunnels, je les ai déjà vus mais les retrouve avec grand plaisir. D'ailleurs, le mécanicien a eu le bon goût de s'arrêter de manière à ce que la pancarte de l'Hôpital du Gros-Bois soit bien visible depuis ma fenêtre. Depuis que je l'ai entendu, j'ai toujours trouvé ce nom rigolo. En plus, la gare est fort sympathique!


Après Valdahon, les choses sérieuses commencent. La ligne rejoint les confins du Haut-Doubs, et je ne m'attendais clairement pas à découvrir un paysage aussi attachant que celui que j'ai découvert. Petits villages, plaines verdoyantes et grandes forêts de sapins alternent avec des passages plus "montagnards" où la voie ferrée s'enfonce dans de profondes tranchées creusées à même la roche. Je suis scotché à ma fenêtre. Je me dis que j'ai encore trouvé un coin où habiter plus tard! À la sortie d'une grande courbe, une gare fait son apparition: vu sa taille et les équipements désœuvrés qui s'y trouvent, j'en déduis qu'il fut un temps où elle possédait plus qu'une voie, et qu'un chef de gare se tenait peut-être à la place de l'antique distributeur de billet hors-service. D'ailleurs, c'est seulement la seconde fois que j'en vois un, le premier se trouvait sur les quais décrépis de Buzy-En-Béarn, entre Pau et Oloron. Alors que je bénissais ceux qui ont été à l'origine du maintien en service de la ligne, nous nous sommes enfoncés d'avantage dans une vallée encaissée, baignée par la brume. Les quelques maisons que j'aperçois ressemblent d'avantage à des chalets qu'à de véritables maisons, toute revêtues de bois qu'elles sont. Enfin, alors que nous nous faisons dépasser par toutes les voitures sur la route longeant la voie, c'est l'arrivée à Morteau. J'aperçois d'innombrables stands de produits régionaux, des fumoirs... Pas de doute, c'est bien ici qu'on fabrique la fameuse saucisse du même nom! La plupart des passagers du train descendront d'ailleurs sur les quais de la petite ville. Après avoir attendu une minute un groupe de jeunes pressés, notre train redémarre et entame l'acsension d'une longue rampe. Je guette la frontière... Mine de rien, c'est la première fois que je me rends à l'étranger tout seul! C'est la grande aventure à 2h de train de Besançon! En contrebas, sur une route, j'aperçois enfin un poste-frontière. Un passage à niveau, puis un tunnel. Ça y est, pas de doute, la signalisation a changé, je suis en Suisse!! Tiens, d'ailleurs il y a une caténaire. Et le tac-tac-tac des rails non soudés a disparu. On a bel est bien changé de réseau :) Quelques instants seulement après la sortie du tunnel, nous stoppons en gare de Le Locle-Col des Roches. Un agent des chemins de fer fédéraux suisses (CFF) remet une boîte au contrôleur, un passager monte puis nous repartons. Si ç'avait été possible, je crois que je serais passé au travers la baie vitrée pour mieux voir la voie et les alentours. Incroyable, le train accélère, il n'est jamais allé si vite coté français. Je commence à saisir pourquoi l'on dit souvent que la Suisse est le paradis du ferroviaire. Sur le coté, j'aperçois une ligne à voie métrique s'enfonçant dans la montagne, puis nous marquons l'arrêt dans la gare principale du Locle. Mais puisque deux gares, ça n'est pas assez, quelques minutes après c'est au Crêt du Locle que nous stoppons. Décidément, les suisses aiment vraiment le train! Finalement, c'est avec une émotion toute particulière que je presse le bouton Ouverture de notre brave X73500 à l'arrivée à La Chaux de Fonds. Pour la toute première fois de ma vie, je pose le pied sur le quai d'une gare suisse. Ouahhhh, quelle aventure, du goudron, que c'est dingue! ^^


Et voilà. J'ai foulé le sol suisse. J'ai le choix entre repartir dans les prochaines minutes avec le train qui m'a amené ou rester un peu plus d'une heure en attendant le dernier mouvement pour Besançon. Ah ah, après ce périble digne des plus grands explorateurs, j'opte bien entendu pour la seconde solution... (J'aime bien cette photo, au passage ^^)


Rapide coup d'œil autour de moi. Mais c'est qu'il y a 6 voies à quai, ma parole! Mince alors, c'est grand comme Montélimar et il y a trois fois plus de quais. Un autre monde! Pendant quelques instants, je cherche une télé qui pourrait m'indiquer les prochains départs. Ah, c'est vrai qu'on est en Suisse, en fait les horaires sont sur des pancartes permanentes. Au moins 6 mois d'horaires sont résumés sur des pancartes légèrement plus petites qu'un plan de bus de Besançon. Bien sûr, les voies sont indiquées de façon indélébile. Ici, un an avant de prendre son train, on sait déjà sur quel quai il va arriver. J'ose à peine imaginer les centaines de renvois dont aurait eu besoin la SNCF sur de telles pancartes et j'admire avec un œil rêveur de VRAIS horaires cadencés. De 5h à 0h, à la minute .01, le même train file toujours au même endroit. Je me remémore en riant jaune des déboires que les voyageurs de Rhône-Alpes ont connu avec le pseudo cadencement mis en place dans la région il y a quelques années. D'ailleurs, autre différence, toutes les 10 premières minutes de chaque heure, il y a un train. Aucun trou de plus de 20 minutes sans train. Ah ah ah. Même à Besançon c'est pas comme ça. En fait, j'ai un peu l'impression d'être dans une gare du RER mais dans la campagne. Bon, c'est pas tout ça, mais il faudrait que je fasse quelques photos quand même. La lumière n'est pas terrible, mais il faudra s'en contenter pour mon tout premier cliché de train suisse en terre helvète: une rame Colibri assure un RegioExpress pour Le Locle.


Comme ça part et arrive un peu dans tous les sens, je ne sais pas trop où donner de la tête et j'imagine ce que ça donnerait à Montélimar si on transposait le modèle suisse en France. Ma foi, il y aurait certainement plus de trains à Pierrelatte! Ici, un Colibri se dirige vers Bienne. La prochaine fois, j'irai y faire un tour, tiens.


Sur les 6 voies à quai, 2 sont en fait à voie métrique. Il en existe quelques-unes en France, mais pas autant qu'en Suisse. C'est assez curieux de voir un véhicule s'apparentant à un tramway quitter la gare principale d'une ville. Je ne sais ni où il va, ni de quelle compagnie il est. En effet, plusieurs compagnies officient en Suisse et cela se passe merveilleusement bien. Je n'ose imaginer ce que ça va donner en France... Enfin bon, concernant ce train, je me souviens juste que la ligne semblait cadencée à l'heure puisque je l'ai vu revenir dans l'heure suivante.


J'ai à peine le temps de dire ouf qu'une automotrice des Chemins de Fer du Jura quitte elle aussi la gare. J'aime bien son esthétique, décidément, le rouge et les trains font bon ménage! Petite pensée au passage pour la Ligne des Hirondelles, dans le Jura français, sur laquelle je voulais me rendre initialement. J'avais juste oublié qu'elle voit passer bien moins de trains que ses homologues suisses et qu'il m'était impossible de l'emprunter depuis Besançon entre 9h et 17h... Oups, décidément, la Suisse a tout pour plaire en matière de ferroviaire!


Je photographie quand même les deux X73500 de la SNCF qui m'ont amené ici avant qu'ils ne s'en retournent vers la capitale franc-comtoise. Une fois partis, je me rends compte qu'une gare suisse, c'est vraiment silencieux. Forcément, tout est électrifié, et la seule chose qui venait troubler ce calme, c'était le bruyant moteur de camion de notre brave TER français. Tiens donc, d'ailleurs il n'y a même pas d'annonces d'arrivées ou de départs, ce qui accentue encore cette impression de silence. Ça fait vraiment bizarre de voir partir des trains sans "toudadadam" ni coup de sifflet! De temps en temps, rarement, une voix féminine annonce cependant "La Chaux de Fonds, vos prochaines correspondances..." en égrennant le quai de départ des prochaines circulations. Voilà donc un petit point négatif pour les gares suisses, en tous cas celle-ci, moi qui aime tant les annonces de gare à rallonge!


Profitant du "trou" de 20 minutes, je suis ensuite allé chercher quelques fiches horaires dans le hall et faire le tour du paté de maison situé autour de la gare. Non sans une certaine surprise, je découvre un grand arrêt de bus, style gare routière, que quitte justement un trolley bus articulé. flambant neuf. Là encore, je ne peux pas m'empêcher de penser à Montélimar et à son misérable réseau de 4 lignes avec un bus tous les 36 du mois. Je suis impressionné, ici les transports en commun c'est carrément autre-chose... Après avoir découvert que les passages pour piétons sont orange et qu'il y a des feux tricolores pour les piétons, je rejoins les quais pour le départ de ce Regio vers Bienne. Je ne suis pas spécialiste des trains suisses, mais j'ai l'impression qu'ils font la distinction entre nos TER rapides et avec peu d'arrêts, ce qu'ils appellent eux les RegioExpress et ceux qui desservent un peu tout, nommés simplement Regio.


Alors que le Soleil commence à dangereusement décliner, je clique ma première locomotive suisse en mouvement. Pendant ce temps, du coté des voies métriques, il y a de l'activité. Pour la première fois, je découvre un train de fret sur ce type de voie. C'est d'ailleurs ce qui ressemble à une automotrice passager qui en assure la manœuvre, voilà quelque-chose qu'on ne verra jamais en France. À ma connaissance, il n'y a pas de fret sur voie métrique en France, sauf en Corse. Et encore, s'il y en a encore, ça doit être aussi tous les 36 du mois.


Il est maintenant 17h00. Si le soleil a définitivement disparu derrière un nuage, la gare révèle une activité surprenante. Si je ne m'abuse, à ce moment, toutes les voies sont occupées. Forcément, avec un départ par minute, ça se bouscule un peu au portillon. Le monde qui monte dans les trains me laisse perplexe. L'impression de gare RER ressurgit. Et il semble qu'ici personne ne reste debout quand il y a encore de la place assise, à l'inverse des trains français dans lequels les gens n'osent pas s'asseoir si quelqu'un occupe déjà la banquette... Toujours en silence, les trains quittent la gare. Phénomène rare en Suisse, certains partent avec un retard d'une ou deux minutes. On leur pardonne aisémment vu la quantité de trafic, mais aussi en connaissant la ponctualité du réseau suisse: en 2007 96% des trains CFF sont arrivés avec moins de 5 minutes de retard. En France, il me semble que ça tournait dans les 87%, et avec moins de 10 minutes de retard. Autant dire que même si on se débrouille pas trop mal, on est encore loin de l'organisation légendaire suisse.


Il faut aussi savoir que les Suisses sont ceux qui parcourent le plus de kilomètres en train chaque année au niveau mondial. D'après Swissinfo.ch, chaque suisse ferait ainsi en moyenne 2422 kilomètres en train par an. Le Japon, autre grande nation ferroviaire et dont le réseau est aussi extrêmement bien développé, ne devance la Suisse qu'au niveau du nombre de trajets effectués par an: 71 pour les Japonais, 50 en moyenne pour les Suisses. Ces stastistiques assez impressionnantes sont dues notamment à la qualité du réseau, à sa ponctualité, à la modernité du matériel et à la centralisation du système d'horaires et de paiement malgré la précense de très nombreuses compagnies. La Suisse a beaucoup investi dans le ferroviaire, à l'inverse d'un certain pays qui commence par F et qui, non content d'avoir un réseau qui tombe en ruine par endroit (voir les incidents autour d'Orthez récemment), supprime des trains en ne pensant que Paris et TGV. Ainsi, après son plan Rail 2000 et l'arrivée à saturation de certaines lignes en heure de pointe, la Suisse réfléchit d'ores et déjà en place un plan intiltulé Rail 2030 pour résoudre ces soucis.
Sur la photo, il est presque 17h05, comme vous pouvez le voir sur l'emblématique pendule des CFF (on peut même la télécharger en fond d'écran animé sur leur site ^^). Dans quelques minutes, mon TER international, dont on aperçoit au loin les feux blancs, quittera sa voie de garage et rejoindra la voie 6, d'où il partira à 17h10, avec quelques minutes dans l'aile. Et voilà, c'est fini, retour en France après cette petite escapade ferroviaire suisse. C'était génial!!

Ah, avant de terminer, il fallait que je vous montre un truc qui m'a fait rire.
Désolé pour la qualité de l'image, mais mon scanner ne fonctionne plus comme il faut.
Dans les horaires suisses, il y a très peu de notes et renvois, comme on a l'habitude d'en voir des tas en France. En fait, pour la plupart des horaires que j'avais, il n'y avait aucun renvoi. Sauf un, sur les trains... français Besançon - La Chaux de Fonds. ^^ Je vous laisse donc apprécier le 1. en haut à droite de l'image. Ah la la, elle est belle la réputation de la SNCF en Suisse: horaires "à titre indicatif", on sait jamais, faudrait pas qu'ils soient pas en grève :p Au passage vous remarquerez le cadencement parfait: minute .50 et .32 dans ce cas. D'ailleurs j'aime bien la présentation en livret et très épurée des horaires des CFF, et on peut aussi prendre un tout petit carnet qui donne tous les horaires entre une ville et les principales autres en Suisse. Comme tout est cadencé, c'est faisable. J'aurais bien aimé voir la tête d'un tel carnet sur les trajets Grenoble-Pau :p

Enfin voilà... Tout ça pour vous dire que j'ai vraiment énormément aimé ma petite promenade sur rail vers la Suisse. Ça m'a permis de découvrir une vision vraiment différente des transports, et de vérifier par moi même certains aspects presque légendaires du chemin de fer helvète. Évidemment, et comme vous n'avez pas manqué de le remarquer, beaucoup de ces aspects m'ont plu et je trouve regrettable qu'on n'aie pas la même chose en France. Néanmoins, malgré ses quelques défauts (j'avoue que le coup de la suppression du Corail Metz-Montpellier du vendredi me reste toujours en travers de la gorge), j'aime toujours autant la SNCF. D'autre part, la Suisse est plus petite que la France et n'a donc pas à faire face aux mêmes problèmes qu'elle dans certains domaines: étendue du territoire, nombre de trains, nœuds de congestion... Enfin, je trouve que dans ce coté formaté et presque trop parfait, on perd une certaine "humanité" du chemin de fer. Je ne sais pas trop comment dire, mais je trouve qu'avoir un agent sur le quai et une annonce au départ du train, c'est quand même vraiment quelque chose que je regretterais si ça venait à disparaître. Et puis, je n'aurais plus aucune utilité pour personne s'il était trop facile de trouver les horaires Grenoble-Pau ^^

Commentaires

Oolongtea a dit…
Aaah! aaah! D: Ils sont partout, les adorateurs de trains! On est envahi! Mon voisin de bureau à la TDU a plein d'aimants en forme de trains, un écran de veille avec des Shinkansen qui passent! Il prend aussi des photos de trains! D: Aaaah!
Faudra que je te récupère l'adresse de son blog s'il en a un ^^
Buschi Nicolas a dit…
Bonjour, sympathique petite virée dans mon beau pays merci de la faire partager.
Pour information la compagnie à voie étroite avnt celle des chemins de fer du Jura est TRN pour Transports Régionaux Neuchâtelois.

Petit conseil , si vous voulez voire plus de train suisse et proche de La Chaux-de-Fonds allez jusqu'a Neuchâtel ou vous pourrez voire les CFF , BLS et les RVT ou plus simple en visitant mon site internet sur les chemins de fer suisse http://traindesuisse.jimdo.com/

Bonne journée.
ArmandTchou a dit…
Merci pour ce commentaire, qui me fait bien plaisir! Merci également pour l'info sur la compagnie de la petite automotrice :)
Cette virée à la Chaux de Fonds remonte un peu maintenant, mais cela m'avait en effet donner envie de pousser jusqu'à Neuchâtel et de faire un petit tour ferroviaire en Suisse. J'y suis repassé depuis, mais je n'ai pas eu l'occasion de m'attarder sur le ferroviaire :( Bientôt peut-être, car il est bien connu que c'est le paradis du chemin de fer!
Merci pour le lien, j'y ai jeté un coup d'œil et j'essayerai d'y retourner.

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