Une petite évolution...


Avant de vous proposer les photos que je vous ai promis, je me permet de faire un petit article sur l'évolution du réseau ferroviaire français. Oh, rien de bien original, vous commencez à me connaître, mais la fermeture d'un nouveau tronçon du Massif Central m'a profondément énervé. Et oui! Personne ne le sait, personne n'en parle à la télé nationale. Et pourtant, c'est bien arrivé: le tronçon de ligne reliant Montluçon à Eygurande-Merlines (respectivement en Allier et Corrèze) a été fermée à tout trafic le 29 février dernier. La raison? Vous la connaissez: l'état de la voie, la même invoquée contre le Viaduc des Fades. La sécurité n'était évidemment plus assurée sur une voie antédiluvienne, non entretenue. Pour vous donner une idée, la majorité des tire-fonds (vis fixant les rails aux traverses) dataient des années 60 et certains croupissaient tranquilles depuis 1945! Alors évidemment, pendant que le TGV bat ses records de vitesse, celle de la ligne a été abaissée à ... 40km/h! Et puis tant qu'on y est, on avait réduit le trafic à un seul aller-retour quotidien. Bon, ça passerait encore si c'était le matin et le soir. Mais non, les horaires étaient calculés au mieux pour décourager les clients: entre midi et deux!!!!!! C'est la tactique bien connue de la SNCF et maintenant de RFF pour fermer les lignes: on la laisse pourrir, on abaisse la vitesse de façon à être aussi compétitif qu'une tortue éclopée, et pour achever le tout, on fait partir les quelques trains restants à des horaires inappropriés. Et vous savez quoi? Ca marche à tous les coups! Par exemple, à l'époque de la fermeture de la gare de Bort Les Orgues, le train partait à 4h50... Enfin, le meilleur de l'histoire selon moi, cet unique train n'était pas vide. Et bien oui! Malgré tous les efforts de nos entreprises ferroviaires nationales, il restait encore des "fous" pour emprunter ce train. Plus curieux encore, la fréquentation était plutôt en hausse. Normal, à l'heure où le baril de pétrole se targue d'afficher 100$, les gens commencent à se rendre compte qu'avoir une gare pas loin de chez soi, c'est pas si mal. C'est même plutôt pratique. Dommage... il fallait se réveiller un peu plus tôt. Au début du siècle dernier, pour être précis...
A cette époque, la France possédait un réseau extrêmement dense, et vous allez voir qu'on en est bien loin aujourd'hui. Petite leçon de géographie ferroviaire!


Cartes issues de Wikisara. (Site des Amoureux de la Route et du Transoprt, très peu axé ferroviaire en fait)

Voici deux cartes. C'est bien rempli, n'est-il pas? Et bien il ne s'agit pas des routes, contrairement à ce qu'on pourrait croire à l'heure actuelle! Ici ne sont représentés que les lignes ferroviaires! Le maillage est des plus serrés, mis à part dans les Alpes à l'extrème Sud-Est, il est difficile de trouver un endroit "isolé". Même la Corse possède plus de lignes qu'aujourd'hui! Remarquez aussi le Massif Central: le réseau y est étonnament dense. Et dire qu'aujourd'hui on se sert du caractère "montagneux" de certaines lignes pour les fermer! Ca n'arrétait pas les antiques locomotives de 1930. Bref, avançons un peu dans le temps.

Nous sommes dans les années 60. J'ai scanné cette carte dans "L'Atlas de France" du Reader's Diggest datant de cette période, un livre extrêmement intéressant, rempli d'informations. On voit tout de suite que le réseau a sacrément diminué. Surtout si l'on note que les voies roses ne sont utilisées que pour le fret. Certes, le réseau de 1930 n'était sûrement pas des plus adapté et fourmillait de chemins de fer départementaux, circulant sur voie étroite, souvent lents et peu pratiques. Mais la suppression est très loin de n'avoir touché que ces lignes. De plus, certaines lignes à voie métrique étaient très adaptées: il en reste encore quelques-unes en France: le Blanc-Argent (qui ne va d'ailleurs plus du tout du Blanc à Argent, mais seulement de Salbris à Luçay Le Mâle) voit toujours des TER passer et est en cours de modernisation (! si si c'est possible); les CFC (Chemins de Fer Corses), eux aussi en cours d'intense modernisation, et les CP (Chemins de Fer de Provence) qui relient Nice à Digne. Sur cette carte, les voies métriques ont déjà pratiquement disparu, il ne reste que celles que je viens de citer et du marchandise en Bretagne. Le réseau est-il resté le même pour autant?

Nous voici en 2007. La carte est plus jolie, il y a plein de belles couleurs. Mais il ne reste plus grand chose du réseau des années 30, ou même 60. Les quatre beaux traits roses que vous voyez, ce sont les LGV. Ce sont les seuls ajouts. Un très bel ajout, dont je suis l'un des plus fier. Mais ailleurs? De plus, cette carte est honteusement faussée par RFF. Les lignes vertes, mentionnées comme "Fret", sont souvent inutilisées complêtement ou exploitées simplement sur leurs premiers mètres (par exemple Mont de Marsan - Tarbes, ou même un bout de voie en Ardèche!!!!!!!!!!!!!!!!). Et il faudrait que RFF mette à jour sa carte:
Les 2 tronçons que j'ai entourés ici, Montluçon- Eygurande-Merlines et Montluçon - Clermont via Volvic (Viaduc des Fades), sont désormais fermées. Définitivement sans doute. Et comme vous le voyez, il ne s'agit pas d'un retrait "négligeable" en termes de kilomètres! 

Aujourd'hui, malgré le Grenelle de l'environnement et la prise de conscience collective, le train classique n'a pas la côte. On fait de beaux discours, mais on le relègue systématiquement au second plan. On construit de nouvelles autoroutes, quitte à faire d'immenses viaducs. Mais on ne trouve pas l'argent pour, simplement, faire l'entretien du réseau ferrovaire. On ne prend même pas la peine de maintenir en état ce que l'on a mis des années à construire. Et les ralentissements drastiques pleuvent, il faut attendre l'accident pour qu'on change 30m de rails hors d'âge. On optimise pas les horaires; la SNCF elle-même donne des trajets privilégiant Téoz et TGV. RFF, embourbé sous une dette collossale, peut tout juste se permettre de changer les grillages de la gare d'Oloron. Oui, nous ne sommes qu'une poignée à réagir sur Internet à ces fermetures. Oui, la SNCF n'en a rien à faire des petites lignes. Oui, la route règne en maître. Oui le réseau est en mauvais état. Oui les politiques s'en fichent.
Alors oui, je trouve ça triste...


J'aimerai dédier cet article aux artisans de la construction du Réseau Ferré français. Des ouvriers aux ingénieurs en passant par les Chefs de Gare de 3ème Classe des CFD Ardèchois, chacun a sa part de mérite dans cet extraordinaire moyen de transport, qui, ne l'oublions pas, a changé le Monde...

Commentaires

Anonyme a dit…
comme à ton habitude, ce fut très très instructif ! merci
Anonyme a dit…
j'adore cet article, comme d'habitude ! Surtout continue à nous parler des trains !!

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