Terminus...



Petit matin en gare de Grenoble. Le long des quais, quelques rames attendent le départ. Une annonce. Un TER flambant neuf démarre en sifflant. Il ne reste plus qu'à attendre. Attendre. Quelques voitures stationnent encore sur une des voies, elles aussi semblent attendre. Attendre quoi? Personne ne saurait le dire. Au loin, un signal passe au jaune, puis au rouge. Nouvelle annonce. Une locomotive apparaît. Son train est là. Il attend au bout du quai, là où il n'y a personne. Il sait très bien que le train sera court, qu'il devra se lever pour se diriger vers les portes. Pourtant, chaque jour il est là. Le train s'immobilise, quelques portières s'ouvrent, il n'y a pas foule. Comme toujours. Il monte à bord, trouve une place. Dans le compartiment, les voyageurs lisent, jouent, se racontent des histoires. Il en a entendu, des histoires. Chaque voyage est différent, et ça lui plaît. Un jour, ce sont des jeunes qui partent à Montpellier, un autre une maman et son bébé. Parfois, une dame âgée qui vérifie sans arrêt son billet. Il essaie de deviner où les gens vont, pour y faire quoi. La plupart du temps, il suffit d'écouter. Sinon, de jetter un regard sur les billets. Par la fenêtre, le paysage défile. Est-ce le train qui bouge, ou l'extérieur? D'anciennes gares jalonnent la ligne. Avant, elles étaient utiles. Maintenant, elles ne sont plus que des bâtiments abandonnés, condamnés à voir passer chaque jour ce qui jadis était leur raison d'être. Les vieilles lettres blanches ne sont plus qu'un nom sur la pierre, les quais de longs fantômes. L'âme de la gare soupire en silence, invisible. Il trouve ça un peu triste. Mais son train non plus ne s'arrête pas. Et la gare retombe dans l'oubli. A l'avant, la locomotive avale les rails, franchit les tunnels et siffle bruyamment. Au fil du voyage, les passagers s'éclipsent. Il se retrouve seul. Enfin, pas tout à fait. Chaque personne qui s'est assise dans le compartiment y a laissé une trace. Les miroirs ont vu des centaines de visages, les portes bagages plus de valises qu'on ne pourrait l'imaginer. Le train tout entier est empli d'images, de sons, de récits. Il n'est qu'une bibliothèque de souvenirs insaisissables. Sans doute y laissera t'il aussi une part de lui. Mais dans quelques minutes, lui aussi va descendre. Le train freine, et doucement s'arrête. Terminus...



(Photo prise hier à Valence en catastrophe -comme d'habitude- quand j'ai vu que la loco qui sortait du tunnel était une "En Voyage". J'avais réglé mon appareil pour une lumière intérieure et je n'ai pas eu le temps de changer ça avant que le train n'arrive, donc la photo était toute bleutée. J'ai réussie à réavoir un peu les bonnes couleurs sur l'ordi, mais bon... J'aime bien cette photo quand même, elle change un peu. En plus c'est une des 4 seules loco de ce type en livrée "En voyage" Une rareté :D)

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