Accident d'Allinges - Collision au passage à niveau


Tout d'abord, je souhaiterai rendre hommage aux victimes et à leurs familles. Perdre quelqu'un sur les rails n'est pas chose commune, aussi cet accident est-il encore plus inconcevable et injuste. 
Vous avez tous découverts ces images pendant les journaux télévisés: car éventré, scindé et éjecté hors de la voie. C'est avec stupeur que je les ai vu apparaître hier, quand j'ai allumé la télé. Après tous ces accidents sur les passages à niveau, comment celui-ci a t'il pu seulement se produire? Il y a de quoi s'inquiéter sur ce qui constitue le cerveau des conducteurs. J'ai préféré attendre un peu avant d'écrire sur le sujet, d'abord par respect pour les jeunes victimes, ensuite parce-que je voulais avoir quelques informations supplémentaires sur les responsabilités engagées. Sachant que dans 98% des cas, c'est celle de l'automobiliste qui est mise en jeu, je ne me faisais guère d'illusions...
Aujourd'hui, d'après toutes les sources que j'ai consulté, il s'avère que le chauffeur était en cause. Il a d'ailleurs été mis en garde à vue. J'aurai presque envie de dire "tant mieux" si je ne faisais pas aussi peu confiance aux médias. (les exemples d'incohérence sont frappants, rien que pour cet accidents: annoncé comme allant à 100 km/h ou 90 km/h, on peut se demander si les journalistes ne balancent pas les chiffres au pif, tout comme le nombre de passage à niveau qui varie de 17000 à 19000 avec les accidents) Ainsi je préfère éviter d'accuser trop directement le conducteur du car, même si selon moi, il ne fait aucun doute qu'il a commis la plus grave erreur de sa vie. Ou plutôt faute. 
La SNCF a en effet confirmé le bon fonctionnement des barrières et du dispositif d'annonce des trains. De plus, d'après les divers témoins cités dans les journaux, le chauffeur se serait engagé sur les rails alors que les clignotants rouges placés de part et d'autre de la chaussée étaient déjà en train de clignoter. Une action totalement interdite par le Code de la Route, qui stipule que dès que les feux commencent à clignoter et la sonnerie à retentir, l'arrêt doit être IMMEDIAT."Les véhicules ferroviaires ont la priorité", comme ils disent. De toute façon, s'arrêter relève de la plus élémentaire prudence. Malheureusement, les gens n'ont toujours pas compris qu'un train ne freine pas en trois mètres cinquante et que contre une voiture, c'est comme un hérisson face à un rouleau compresseur, ou presque. Et ne jouons pas sur les mots, pour un car c'est la même chose: une seule voiture Corail vide pèse plus qu'un bus rempli. La fréquence de tels accidents est particulièrement inquiétante, je ne comprends pas comment certaines personnes préfèrent encore mettre des vies en péril plutôt que de patienter deux minutes devant une barrière... Que faudra t-il faire pour qu'ils comprennent?? Leur faire faire un stage en cabine de conduite ferroviaire et leur mettre un obstacle devant? Pour qu'ils se rendent compte de la formidable énergie qu'accumule le train, énergie proportionnelle à sa masse ET au carré de sa vitesse, libérée instantanément au moment de la collision. Les cours de physique ne sont semble-t-il pas à leur portée, alors peut-être qu'une vidéo les aidera. C'est bien, c'est pas dur à comprendre, on voit bien que la voiture elle est écrabouillée, réduite en bouillie! Cassée la voiture! C'est assez clair?
Ceci m'amène à autre chose qui m'énerve profondément: quand de tels accidents surviennent on ne parle JAMAIS de ça, de ces conducteurs inconscients et qui seraient inaptes à la conduite d'une voiture à pédale. (traduction: une bonne partie des automobilistes, à en croire ma propre expérience) On a toujours le droit après le reportage ou le paragraphe sur le drame à un "complément" sur les passages à niveau. Avec leur plan des barrières en contre plongée et à grand renfort d'images mal cadrées, ils vous présentent les-dits ouvrages comme des monstres dangereux et sanguinaires qui n'attendent que la gentille petite voiture pour se rassasier. Accessoirement, on a aussi droit au "micro-par-la-vitre" d'une (ou deux quand la chaîne est un peu sérieuse) personne à qui on demande "Et vous vous passez quand c'est fermé???". Bien sûr Monsieur le Journaliste! J'aime bien dire que je conduis mal à la télé! Le reportage ayant donc établi grâce à ce super sondage que 100% des gens sont respectueux de la signalisation, on explique donc qu'il faut supprimer les passages à niveau, que c'est en cours et que RFF prévoit de supprimer les 360 Passages à Niveau dits "dangereux" d'ici 2012. On cite le Premier Ministre pour bien faire, qui s'empresse d'ajouter que ça coûte cher (sous entendu en 2012 si on a supprimé 10 PN ça sera déjà pas mal). Non mais faut arrêter, là! Je le répète: dans 98% des cas c'est l'automobiliste qui ne respecte pas le code de la route. En supprimant les PN, au lieu de sensibiliser les gens à ce problème, on s'attaque donc aux 2% des cas restants, à savoir la panne sur le passage à niveau ou le mauvais fonctionnement de celui-ci, chose extrêmement rare (on m'a expliqué les règlements SNCF à ce sujet, ils sont plus que stricts, et on contrairement aux automobilistes un agent SNCF sait ce que signifie "règle"). C'est une belle preuve d'intelligence de la part des hommes politiques, tiens. Ils disent que les maths font leur dictature au lycée, mais ils feraient bien d'en refaire un peu et de se rendre compte que 2 c'est inférieur à 98! RFF croule sous les dettes et est infichu de prendre soin du réseau, qu'à cela ne tienne, on prend 60 millions sur leur maigre budget annuel pour supprimer les passages à niveau tout ça parce-que des hurluberlus ne savent pas qu'un feu rouge ça veut dire "Stop". Je pense qu'il faut qu'on arrête de se leurrer. Certes, faire traverser à niveau une voie ferrée et une route n'est pas dénué de risque, mais si les gens respectaient le code et avait ne serait-ce qu'une once de logique, on éviterait presque tous les accidents! Il faut continuer à supprimer les passages à niveau les plus problématiques, mais pas seulement. D'ailleurs, normalement, sur les voies où les trains circulent à plus de 160km/h, il n'y en a déjà plus. Contrairement à ce que TF1 et compagnie racontent, les passages à niveau ne sont, à mon avis, pas plus dangereux qu'un passage piéton. Ce sont les automobilistes qui le sont, point. 
J'ajouterai pour ceux qui m'objecteraient, à la vue du magnifique reportage à la gloire du système israélien basé sur des caméras de surveillance, qu'un tel dispositif n'est à mon avis 
pas la solution non plus. Il y aura bien des abrutis qui vont s'amuser à la peindre, et un système basé sur une reconnaissance par caméra me semble très peu fiable. Par ailleurs, la solution envisagée en France qui consisterait à mettre des radars au niveau des PN prouverait la débilité profonde des automobilistes à défaut de résoudre le problème... Mais bon, ça sera toujours mieux que de rabaisser encore et toujours le train au rang de danger public!
Je voulais aussi souligner la performance des ingénieurs d'Alstom ayant conçu la Z23500 ("le train TER" selon les journalistes) mise en cause dans l'accident: aucune victime, pas de déraillement et structure visiblement très peu amochée ne peuvent qu'être les conséquences d'un travail d'optimisation des chocs conséquent. 
Pour terminer, je rappelle aussi qu'en cas de problème à un passage à niveau, ceux-ci sont toujours munis de téléphones d'urgence orange qui peuvent être utiles. Ils vous mettront en relation avec les agents SNCF capables de stopper le trafic ferroviaire.

Je suis conscient que cet article est né d'un événement ayant entraîné mort d'hommes, et j'ai eu de ce fait beaucoup de mal à l'écrire. J'ai l'impression de me servir de ce tragique accident comme prétexte et je n'aime pas ça du tout. Je n'oublie pas un instant les victimes, ce post n'a en aucun cas vocation à les transformer en vulgaires exemples. 

Commentaires

Joanna a dit…
Mince alors. Je suis vraiment déconnectée des nouvelles françaises alors parce que je n'avais pas entendu parler de cet accident. Mais bien heureusement j'ai là un formidable ami qui m'apporte toutes les informations.

Articles les plus consultés