Suivez le rail!
Quelque part sur un quai de gare, des voyageurs descendent de leur train. Sur les vieux écrans, le train pour Marseille est annoncé voie E. Il est habitué. Les signaux sont au rouge, le chef de gare prend son café. Les derniers voyageurs disparaissent dans les passages souterrains. Cette ambiance, il la connaît par cœur. C'est un peu sa routine à lui. Toujours le même banc, toujours la même fatigue. Ses pensées l'envahissent, l'enveloppent. A quoi il pense? Personne ne le saura. Samedi matin, gare de Valence Ville. C'est tout. L'air est humide, il ne fait pas chaud. Les rails brillent et soulignent d'un trait la noirceur du ballast. En bout de quai, un feu violet est allumé. De l'autre coté, la voie se courbe et disparaît au milieu d'une forêt de poteaux. Il n'y a rien à voir, et pourtant... Là-bas, un petit bout de papier vole. Un néon clignote. La verrière craque. Partout, des aiguillent avancent sous leurs cadrans. La gare toute entière respire. Elle en a vu passer, des trains, des gens. Mais personne ne la remarque, elle. Sauf lui, peut-être. Bref coup de corne. Un train de fret rompt le silence. Nombreux wagons. Puis, plus rien. Un train est passé. Il n'a pas fait de photo: la gare lui a joué un tour, il n'y a pas eu de sonnerie cette fois. Il se tourne vers les horloges. 45 minutes. Il lui faut encore attendre. Mais sur un autre quai, des gens se pressent. Un TGV va entrer en gare. Il se retourne. Derrière lui, les futurs passagers s'animent. Conversations. Vérification des places. Tout ça, il connaît aussi. Deux cercles lumineux apparaissent d'abord, puis un nez gris. Le TGV s'avance, stoppe dans un crissement aigu. Quelques minutes plus tard, les feux rouges de la motrice arrière disparaissent dans le noir. 20 minutes. L'horloge numérique fait défiler les secondes. Quelques personnes se rendent sur le quai, il n'est plus seul. Le chef de gare apparaît lui aussi. Annonce. Une Z2 sort du tunnel et s'immobilise. Comme d'habitude. De nouveaux visages envahissent le quai. Mais eux ne restent pas. Pas de correspondance, sans doute. La Z2 ne veut pas rester non plus. Sa place n'est pas ici. Elle quitte l'ombre de la marquise et disparaît comme elle est arrivée. 5 minutes. Il se lève, s'avance un peu. Sur les traverses, des numéros sont inscrits à la craie jaune. Il se demande à quoi ils peuvent bien servir. C'est sans un bruit que le train vient sagement se placer le long du quai. Losrsque la dernière voiture s'arrête, il monte à bord. Un dernier regard. Coup de sifflet, puis le train démarre. Cette fois, c'est à son tour de disparaître...
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S'il te plait, continues !!!